La Steppe Kazakh

A Urumqi nous apprenons quelques détails sur les relations entre ethnies Han et Uygur. Le personnel des administrations est par exemple obligé de faire un stage d’un an dans un village Uygur, et doit amener régulièrement des cadeaux (<200 yuans) à la famille qui leur est attribuée. S’y ajoutent des appartements et du travail mis à disposition des Hans qui souhaitent s’installer au Xinjiang, et la pléthore de policiers et de militaires dans les rues. Fouille à l’entrée des grands magasins, fouille à l’entrée des villes. Jusqu’à la confiscation des briquets dans les bâtiments publics. Ces mesures découlent directement des milliers de Hans et d’Uygur qui se sont entretués en 2009.

Nous discutons de tout cela autour d’un hot pot. Nous restons trois nuits, le temps de nous reposer et de demander des renseignements à l’ambassade Kazakh.

Nous nous arrêtons ensuite à Kuitun, où une jeune chinoise abordée essaye de nous aider à trouver un hôte une bonne partie de la soirée. Nous finissons interpellés par la police, qui nous emmène au poste pour finalement nous proposer des hôtels. Nous refusons poliment et ils acceptent de nous ramener à la case départ, dans une rue du centre ville. Le froid est particulièrement mordant. Mais nous trouvons relativement rapidement deux gars sympathiques qui s’avèreront être… Des policiers. Ils nous hébergent et nous passons une bonne soirée autour de la bière Wusu, produite dans le village d’à côté.

Le lendemain un jeune conducteur nous prend en stop ainsi qu’un père et son fils. Nous traversons les montagnes et passons près d’un lac aux couleurs fantastiques, en nuances de brun, d’or et de blanc. Tout est gelé.

A Lucaogou nous trouvons rapidement un hôte dans la rue, un avant goût du Kazakhstan.
Ensuite le passage de frontière à Khorgos est très amusant. Il faut payer un ticket de bus 10 euros, ou bien avoir un vélo ou un cheval… On fait mine de monter sur le dos de l’autre. Ça rigole peu. On tente de s’imposer, en bon français, mais on finira par payer.

C’est terminé ! Un mois en Chine. Et de l’autre côté de la frontière le Kazakhstan est un autre monde. Les infrastructures sont vétustes, les voitures d’un autre âge, où dominent vieilles Audi, Mercedes, Lada et la Toyota Camri qui nous suit depuis deux mois déjà. Les vêtements militaires sont partout, les visages sont durs. On trouvera pourtant du premier coup notre hôte, Arcadi, un agronome moldave en mission dans la région. Peu loquace mais très sympathique, nous lui demandons s’ils boivent du thé en Moldavie, réponse « we drink all liquid ». Sans commentaire.

Nous passons un bon moment avec lui, dans un bel appartement que le bloc d’immeuble ne suggérait pas.
Si cette première image du Kazakhstan est conforme au stéréotype qu’on en a, la gentillesse des habitants, le confort de leurs maisons et la facilité de faire du stop fait contraste avec l’hostilité de l’environnement.

Notre seconde nuit, nous la passons avec Azamat, un jeune qui nous cite du Georges Sand et nous chante du Stromae. Sa culture est impressionnante. Il gagne 200 dollars par mois, en travail de nuit, c’est le seul salaire de sa famille.

A Almaty nous passons trois nuits chez Madi, nous visitons la ville enneigée, et les ambassades ouzbek et iranienne. Nous décidons de faire nos visas à Bishkek le lundi suivant et nous avons donc quatre jours pour visiter les alentours. Nous partons en direction du lac de Balkhash.
C’est la steppe à l’infini, tout est gelé. Le thermomètre dégringole jusqu’à -20°C la nuit. Nous dormons avec une famille dans un petit village de bergers perdu dans l’immensité de la plaine. Avec des amis, dont une championne d’haltérophilie, nous descendons une délicieuse vodka Kazakh. Rien à voir avec ce qu’on a en France.

Au matin nous repartons, la circulation est faible. Il caille. Mais un camion puis une voiture nous amèneront à Priosjorsk, où Morat nous trouvera dans la rue. Cet ouvrier d’une cinquantaine d’année nous héberge et nous fait visiter sa ville, ancienne base stratégique de l’armée soviétique. L’armée kazakh y siège toujours, et les canons comme les tanks y sont stockés par dizaines sans qu’on sache s’ils fonctionnent. On y voit également de vieux Mig 21 et des radars, impressionnant. Le tout au bord d’un des plus grands lacs du monde, totalement gelé, avec des traîneaux de pêcheurs au loin en route pour faire quelques trous de ci de là.

Le matin le givre couvre tout, les arbres comme les herbes. Le -10°C ambiant est accentué par le vent et nos pieds souffrent du contact avec le sol. Finalement, après une heure d’attente Morat nous aide et une voiture nous emmène à Shu, de nouveau vers le Sud. Ce détour glacé en valait le coup !

A Shu nous dormons avec les gardiens de nuit d’une Église Orthodoxe, et parlons brièvement avec un charmant Pope barbu. Ensuite nous bougeons vers Korday, on y mange dans un restaurant dont les propriétaires nous accueilleront pour la nuit. Leur fils est très curieux et nous avons d’intéressants débats avec lui sur notre propre culture.
C’est également là que nous rencontrons notre premier policier véreux. Il trouve un prétexte pour nous demander de l’argent, sous peine d’avoir des problèmes pour traverser la frontière… Il comprend vite à qui il a affaire et finit par partir en nous serrant la main. Serrer la main est très important par ici.

On traversera facilement la frontière vers le Kirghizistan, où les routes et les villes ne changent guère. Mais les belles montagnes au loin sont de bon augure…

Parlons de tout ça dans un prochain article !

A bientôt !

Published by Le voyage en Asie

One Comment

  1. Michel TAPONOT Michel TAPONOT

    Bonjour aux 2 voyageurs, je n’ai pas laissé de commentaire au dernier message, mais tous les matins je regarde si tu donnes des nouvelles!!
    La saison choisie pour votre voyage est difficilement compatible avec votre style d’hébergement. Vous avez du vous « geler » souvent, mais cela a peut-être favorisé des rencontres « chaleureuses ».
    Quel est la suite du parcours ??

    Bon courage à vous

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