L’hiver, c’est froid

Notre séjour à Mianyang s’est très bien passé, hébergé par une jeune designer d’intérieur. Nous y allumons de nouveaux quelques ballons et pétards. Le jour suivant nous nous rendons à Longnan, et les tunnels s’enchaînent sur la route. Les montagnes et les collines arides sont en continu jusqu’à Urumqi, entrecoupées de vallées de plus en plus grandes et désertiques.

Malheureusement ce trajet en autoroute et les grands « villages » chinois offrent peu d’occasions de prendre des photos. Encore, tout semble neuf et nos hôtes s’en désolent parfois, évoquant Xi’an, Beijing, où de vieux quartiers ont été plus ou moins préservés.

A Longnan nous demandons dans un magasin s’ils connaissent un abri où passer la nuit, début d’une longue série, et nous atterrissons dans une Église à  l’écart sur le flanc d’une montagne. Nous y découvrons pour la première fois les matelas électriques chauffants, une belle invention parfois remplacée par des réservoirs d’eau chaude sous les lits.

La nuit suivante à Tianshui sera difficile. Après avoir interpellé des dizaines de personnes et essayé mosquées et églises nous nous réfugions dans un hôpital, où un gardien de nuit nous accueille dans sa loge.

A Lanzhou nous serons plus chanceux, près d’une mosquée une femme et quelques jeunes s’occupent de nous et nous dormons dans la maison de l’un d’entre eux, discutant par l’intermédiaire de nos téléphones.

Le jour suivant un professeur d’anglais contacté sur Couchsurfing nous héberge dans une université. Il nous aidera à sortir de cette immense ville, puis à trouver un hôte quelques jours plus tard à Yumen. Nous commençons à avoir du réseau sur Wechat ! C’est leur Facebook à eux, qu’ils utilisent également pour payer dans les magasins.

A Haidong nous dormons dans un restaurant de nouilles, à Qingshizui dans la maison du cuisinier de la mosquée.
A Hangshui nous dormons avec des retraités dans un monastère bouddhiste où les femmes moines hésitent d’abord à nous héberger. Ils se chauffent tous au charbon et l’air de la ville est saturé, nos vêtements aussi.
A Jiayuguan un gardien de nuit nous permet de dormir dans des bureaux, nos sacs de couchage parmi les ordinateurs.

A Yumen, un conducteur nous accueille chez lui, et son hospitalité nous redonne un peu d’énergie. Il nous confirme que les Chinois du Nord Ouest sont très réticents à inviter des étrangers chez eux, mais lorsque la glace est brisée leur accueil est très chaleureux. Nous restons à Yumen une deuxième nuit, chez un ami de notre hôte de Lanzhou. Il fait froid mais nous sommes heureux de visiter la ville et de prendre notre temps. Il s’agit d’une très vieille ville de la route de la soie, et d’un des plus anciens champ pétrolier du pays. Aujourd’hui les puits sont remplacés par le photovoltaïque et des éoliennes par milliers. Nous sommes allés visiter ces forêts d’acier en voiture.

Nous passons donc trop souvent nos journées à marcher, manger et trouver un endroit où dormir. Heureusement nos déambulations nous amènent à voir des joueurs de pokers, des geeks jouant dans des salles, nous passons à côté d’usines, de gisements de charbon, de pépinières. Dans les voitures les paysages sont magnifiques, avec des cols à plus de 3500 mètres et des paysages proches de ceux de la Mongolie voisine. La route entre Xining et Zhangye est impressionnante et nous rêvons de retourner un jour dans le Qinghai. Près d’Urumqi, les vaches et les moutons sont peu à peu remplacés par des chevaux et des chameaux. A noter aussi, l’impressionnante présence de l’armée et de la police dans le Xinjiang, portiques de sécurité et contrôle des passeports sont fréquents, et les stations essence sont par exemple toutes protégées par la police. Leur renforcement daterait de cette année.

A Guazhou nous ne dormirons pas, la quarantaine de personnes abordées et les magasins ne nous proposeront aucune solution, excepté les DAB chauffés. Nous découvrons d’ailleurs qu’il y a bien quelqu’un derrière les caméras de surveillance, nous y restons à peine dix minutes pour nous réchauffer qu’un haut-parleur grésille.
Nous attendons donc le lever du soleil dans un restaurant ouvert H24.

A Hami et Turpan, nous trouvons finalement des hôtes dans la rue assez facilement et nous pouvons récupérer et discuter. Le premier est un étudiant en informatique qui parle anglais et nous pouvons nous passer enfin du traducteur de notre téléphone. Un traducteur qui s’avère d’ailleurs souvent gênant dans nos interactions, la technologie ne remplaçant pas encore très bien les simples gestes, notamment pour l’autostop.

Côté nourriture, car c’est important n’est ce pas, nous enchaînons les plats de pâtes fraîches de toute formes, généralement accompagnées d’un peu de bœuf ou de mouton, poivron, oignons et parfois haricots. Plus nous avançons plus nous trouvons également du pain, fourré aux haricots rouges ou parsemé de sésame. Résultat : c’est très bon !

Nous voici maintenant à Urumqi pour quelques jours, dans des paysages enneigés. Nous y avons planifié notre arrivée et nous avons donc un hôte… Nous devrons ensuite nous diriger vers le Kazakhstan.

La Chine nous laissera donc une impression mitigée concernant la proactivité et l’accueil des habitants, mais notre façon de voyager étant peu commune nous comprenons leur surprise et leur incompréhension. De notre côté nous avons essayé d’éviter la charité et nous avons fait du mieux possible pour être toujours hébergé de manière spontanée et volontaire, mais la tâche a été difficile. Si nous nous obstinons à éviter l’hôtel, c’est bien pour nous forcer à faire appel aux autres, et quelque part mettre à l’épreuve l’hospitalité locale. C’est aussi un moyen de rencontrer des personnes de tout milieu, et de découvrir des lieux originaux. Nous utiliserions la tente s’il ne faisait pas -15°C au petit matin: l’autostop dans ces conditions est déjà un défi. Affaire à suivre en Asie centrale !

A bientôt !

Published by Le voyage en Asie

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