Déjà une semaine en Indonésie. Nous essayons de plus en plus de plats et de boissons, pieds de chèvre, lait de soja, boisson de jaune d’oeuf miel et gingembre ou pâtisseries garnies de céleri pour en citer quelques-uns.
A Metro, l’officier de police a appelé un ami gérant d’une société de transport et nous avons fait la route jusqu’à Palembang dans des camions transportant des mangues. La route est particulièrement abîmée et les camions se suivent sans discontinuer. A deux reprises nous croisons des centrales à charbon, un autre conducteur travaillant dans l’approvisionnement des centrales nous indique qu’il s’agit de la principale source d’électricité du nord de Sumatra. Java dispose de davantage de ressources géothermiques et hydrauliques. Nous voyons donc pour la première fois les effets de ces centrales, avec un brouillard qui s’étend jusqu’au sol sur plusieurs kilomètres. Arrivés à Palembang nous passons la nuit avec les chauffeurs dans la salle de prière d’une station essence. Le lendemain nous les remercions et partons pour Jambi, l’autostop fonctionne bien malgré l’incompréhension pour ce mode de voyage. Nous recevons des conseils de femmes et d’hommes qui s’arrêtent en scooter, ils nous indiquent par exemple les coins à l’ombre, nous proposent d’arrêter un bus, ou après explications font de grands signes aux camions en leur criant notre direction.
A Jambi nous essayons de trouver des hôtes sur couchsurfing grâce à la connexion internet d’un supermarché (5000rp les 3h), mais sans succès. Nous marchons donc en direction de la route de Padang, et après discussion avec un imam et des jeunes venus pour la prière ils nous emmènent en scooter à la station de bus. Nous y passons la nuit dans un local et discutons avec les jeunes de la ville. Ils écrivent des mots derrière notre carton « Numpang gratis » pour mieux nous présenter et expliquer notre démarche. Ils nous offrent de l’eau, et un d’entre eux revient le matin avec sa sœur qui nous apporte du lait de soja.
Le lendemain nous rencontrons un policier et son père qui se rendent à leur champ de palmiers. Ils nous invitent à manger et nous aident à arrêter les voitures pour continuer.
Wahyu s’arrête pour nous, il travaille comme commercial pour la graineterie Matahari dans toute la région de Jambi. Il nous invite chez lui au milieu d’immenses forêts de palmiers, ceux produisant l’huile de palme. Leur accueil est formidable, sa femme nous prépare un gâteau, et nous faisons avec eux une gélatine grâce à des feuilles et de la cendre de feuille de bananier. Nous visitons le chef du village et ses parents avec thé ou café à chaque fois comme le veut la tradition. Le lendemain il nous propose de visiter la montagne à 100km de là. Nous y découvrirons des plantations de café, de cannelle et de pommes de terre ainsi que de belles rizières. La déforestation est bien là et grignote sur la pente des volcans malgré les interdictions du gouvernement. Wahyu affirme que les locaux se battent parfois entre eux pour le contrôle du territoire. Lui et beaucoup d’autres sont contre ces pratiques agricoles intensives et extensives, mais les alternatives et les investissements qui vont dans ce sens sont rares. Non loin de là, près de Jambi, on avait pu observer une usine Nescafé, nous rappelant que ces situations sont directement liées à nos comportements de consommateurs en Europe.
Nous dormons à Madras, une belle ville de montagne avec un grand potentiel touristique. Mais le lac, les volcans verdoyants et les jardins fleuris sont pour le moment réservés au seul bonheur des habitants. La maison en bois de notre hôte est très élégante et l’intérieur est aménagé de tapis et de rideaux aux motifs chaleureux. Notre hôte est un ami de Wahyu, responsable de la coopérative de production de pomme de terre. Il cuisine pour nous un délicieux repas, et c’est l’occasion pour nous de souligner que l’islam ne semble pas avoir beaucoup déséquilibré la relation homme femme en Indonésie. Très nombreuses sont les femmes qui travaillent, conduisent des voitures ou des scooters, et les tâches ménagères semblent assez partagées.
Nous continuons vers Padang dans les prochains jours, puis vers le lac Toba. Ce sera l’occasion de déconstruire de plus en plus nos stéréotypes, sollicités et questionnés chaque jour.
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