Le col au sud de Bishkek est plongé dans le givre et le brouillard. Une quantité impressionnante de neige borde la route. Cet hiver des conducteurs y ont perdu la vie ou des membres, bloqués par -50 degrés… Nous sommes heureux que le temps soit plus clément, et la dangereuse beauté des montagnes nous accompagne vers Osh. Nous dormons sur la route chez un de nos conducteurs, grossiste de fruits et légumes, nous mangeons plov et pain maison en compagnie de ses enfants qui nous regardent avec de grands yeux. Sur les collines alentours des bergers dirigent leurs troupeaux à dos de cheval. Nous continuons vers Osh, traversons la frontière sans problème, bien que ce soit la première fois qu’on nous fouille intégralement.
En Ouzbékistan la vallée de Ferghana est très peuplée, c’est d’autant plus de personnes qui nous interpellent pour nous souhaiter la bienvenue. A Andijan nous dormons dans une usine de composants électroniques, après avoir rencontré dans la rue un de ses propriétaires. Nous partageons quelques brochettes de mouton et partons le lendemain vers Tashkent, pris en stop par un pâtissier très sympathique. Nous nous arrêtons dans sa maison de campagne avant de reprendre la route vers Samarkand. Un autostoppeur Ouzbek nous aide à arrêter des voitures, puis nous rencontrons un russe qui nous emmène à destination avec son gros 4×4, s’arrêtant de temps à autre pour jouer au sniper sur son téléphone. Il nous offre le café et nous parlons politique russe et cinema français, ce cher Gérard Depardieu… Arrivé à Samarkand nous dormons dans un hotel pour la première fois et nous espérons la dernière ! Administration Ouzbek oblige, nous devons nous enregistrer de temps en temps.
Le lendemain nous sommes pris à bord de deux camions qui nous emmènent à Nukus en deux jours. Nous dormons sur les couchettes des cabines, on peut ajouter ça à la liste des « premières fois ». Les villages à pertes de vue ont fait place au désert, où nous apercevons de nombreux chiens de prairie, aigles et chameaux.
Nous sortons de Nukus, dormons dans une cabane de bergers, et reprenons la route, toujours dans le désert. Nous rencontrons des jeunes parlant anglais et rêvant de voyages dans un restaurant pour routiers, puis nous essayons de continuer mais une tempête de sable nous amène à dormir dans un bâtiment en construction.
La route est de plus en plus boueuse et chaotique, mais notre marathon Ouzbek prend fin. A la frontière, de nombreux saisonniers se pressent, ils passeront les six prochains mois au Kazakhstan. Les policiers nous forcent à couper la file, comme d’habitude, pour notre propre sécurité disent-ils. Ils ne nous demanderont pas de coupons d’hôtel.
A Beyneu en marchant dans la rue nous sommes invités pour le nouvel an musulman par un groupe de professeurs. Le professeur de danse nous fait une démonstration, et nous parlons avec les professeurs d’anglais. Malheureusement ils seront trop alcoolisés pour nous trouver un endroit où dormir. Les mauvais plans font aussi partie du voyage. Nous passons de nouveau la nuit dans un chantier.
A Aktau nous restons trois nuits avec un hôte et sa famille, nous découvrons la mer Caspienne et pouvons finalement embarquer à bord du ferry pour Baku. Le manque d’organisation nous fait cependant faire nuit blanche, heureusement le propriétaire du bar du port nous offre thé, nourriture et compagnie. Le bateau reste en rade 20 heures avant que les vaguelettes et le vent se calment.
La traversée se fait en compagnie de routiers principalement kurdes, très sympathiques, mais après quelques échanges nous passerons presque toute la traversée à lire et dormir.
A Baku nous trouvons un hôte tard dans la nuit, il parle français, et beaucoup d’autres langues. Les polyglottes sont si nombreux dans cette région du monde ! Au matin nous discutons ensemble autour d’un thé et de baklavas avant de rejoindre Shamakhi. Les premiers paysages azéris sont grandioses, des collines vertes et sans arbres à l’infini.
Nous nous échappons dans ces collines, faisons des selfies avec un berger et dormons sous la tente. Nous entendrons les loups une bonne partie de la nuit, chantant à une centaine de mètres. Jolie berceuse !
Au matin nous allons vers Salyan, faisant quelques détours pour découvrir les montagnes. Des dizaines de cafés bordent la route, des tonnelles abritant des familles entières autour de barbecues.
A Salyan nous rencontrons un homme âgé dans un magasin, il nous invite chez lui. Nous dégustons des fromages et des pâtisseries avec toute la famille, l’arrière grand-mère, les petits enfants etc… L’accueil est très chaleureux, nous visitons leur grand jardin, taquinons les oies et leur chat, qui passera la matinée suivante à lorgner des bassines où le yaourt fermente.
Au Sud de Lankaran, à Xanbulan, nous dormons dans une belle forêt, mais sous la pluie. Nous discutons avec beaucoup de jeunes, avec la vendeuse de pain, avec des personnes qui nous interpellent pour nous inviter à boire le thé. Les azéris sont très curieux et très proactifs, nous sommes un peu triste de passer si vite dans ce beau pays.
Les gardes frontières iranien sont fantastiques, ils se regroupent autour de nous pour nous souhaiter la bienvenue avec de grands sourires, nous serrent la main, et un soldat parlant anglais s’occupe de nous jusqu’à ce que nos passeports soient vérifiés. Si on pouvait noter les postes frontières, celui là est au top.
Nous voici donc en Iran ! Un pays souvent décrié sur nos télévisions, assimilé à tort au monde arabe, aux guerres et à l’islam radical. Nous avons hâte de découvrir la réalité derrière les façades politiques…
Bonjour à vous, très heureux d’avoir enfin de vos nouvelles et de savoir que tout se passe bien. Bon séjour en Iran qui doit être un pays très intéressant.
A bientôt, des nouvelles avant 1 mois !!!