Etes vous kurde, turc ou les deux ?

Je vous avais laissé en Cappadoce, me voici à Tbilissi en Géorgie.

Beaucoup d’aventures entre temps, à commencer par mon séjour à Malatya, capitale mondiale de l’abricot. Deux jours en compagnie d’une famille musulmane, à la fois kurde, arménienne et turque. Un beau mélange qui m’a permis d’apprendre les différents styles de danse de chaque peuple…
Mais aussi de faire ramadan, veillée jusqu’à 3h et tambours dans les rues pour maintenir tout le monde bien éveillé…

Le lendemain, après 15 poignées de main, des questions réponses en langue des signes, je finis par faire de la moto stop avec Hasan en direction d’Adeyaman, dans un paysage de montagne vraiment superbe…
Je dors sur place chez un de ses nombreux frères, le 4e qui m’est présenté. Et encore, le record pour le moment c’est 17.

Ce sera ensuite Mardin, et la frontière syrienne à 20km à peine. J’y rencontre une bande d’amis qui collecte des pièces dans les commerces pour aider les réfugiés. Des réfugiés traînent un peu partout aux carrefours et je verrai régulièrement des camps dans tout l’Est de la Turquie. D’ailleurs là comme dans toute la partie Kurde, les véhicules blindés s’enchainent sur les routes, dont une colonne avec des camions remplis de militaires qui me regardent d’un air viril. Je finis par rencontrer d’amis en amis dans Mardin deux musiciens professionnels, avec qui on alternera chansons françaises et kurdes jusqu’à 4h du matin. Ca fait plaisir de retrouver une guitare, et de découvrir dans l’intimité une musique si différente de la nôtre.

Je pars finalement pour Hasankeyf, très ancienne métropole à voir absolument si vous passez par là. Les paysages sur la route sont sublimes ! C’est le moyen orient, comme dans les films. Désertique, la poussière qui s’ envole… Je passe la nuit à Batman, chez un photographe, et le lendemain en voulant quitter la ville une voiture banalisée s’arrête à côté de moi. Les gars me montrent leurs plaques : police, ne trainez pas ici c’est « very dangerous ». J’hésite à faire une blague sur le nom de leur ville, mais ils n’ont vraiment pas l’air drôle… Et ils ont certainement raison.

C’est parti pour Agri ! C’est difficile d’y trouver un hôte et je finis dans un premier temps dans un hôtel. Mais les nuits de ramadan sont longues et je finis par enchaîner les thés avec des gars plutôt populaires dans la ville, apparemment. Notamment un flic qui sort son pistolet de derrière son dos pour me le prouver (oh yeah), et mon interprète, un chauffeur de taxi qui a appris l’anglais en roulant dans Istanbul et en arnaquant des touristes, il me le dit sans détour. Grosse ambiance. Après quelques heures, une courte négociation avec le propriétaire de l’hôtel, je pars en Audi vers un immeuble de logements étudiants qui appartient à l’un d’entre eux. Top !
Le lendemain un étudiant me voit et m’invite à manger dans sa coloc.
Ces exemples pour vous montrer à quel point les gens sont accueillants, mille fois plus qu’en Europe de l’ouest. Pas une seule voiture où on ne me propose quelque chose à manger, à boire, une cigarette, quand ils ne s’arrêtent pas exprès pour acheter quelque chose. Notamment ce kilo de cerises qui a suinté dans mon sac tout un après-midi…

Je dois également préciser à quel point c’est important pour eux de préciser s’ils sont turcs ou kurdes. Certains font un signe en V, symbole de l’indépendance kurde, les nationalistes et les kémalistes se saluent en se heurtant le front ou font le « signe du loup », quelque chose comme le signe satanique des groupes de métal ouest européens. C’est assez tendu entre ces deux groupes, même si la majorité des gens rencontrés en ont juste marre de ce conflit entre PKK et nationalistes.

A Igdir je dors aux pieds du mont Ararat (coucou Noé), rencontre un membre de l’armée de rébellion kurde, prends quelques photos et trouve le lendemain un camion iranien qui va directement en Géorgie.
Le camionneur est adorable, il fume de la résine certes, et il a d’énormes cicatrices sur les bras faites pour arrêter la drogue. N’empêche qu’on devient des frères après deux pannes dans les côtes à 10%. Il m’offre un restau, et même trois t-shirts…

Bref j’arrive en Géorgie, où je passe ma première nuit avec un linguiste et sa femme, on parle Empire Sumérien etc. Le lendemain ils négocient 15 dollars pour la nuit, j’avais pourtant précisé que je cherchais un endroit où dormir gratuitement. Technique de pied dans la porte. Je les quitte déçu, ça change de l’hospitalité turque.

Au-delà de cet épisode, je quitte l’Islam pour les chrétiens d’Orient. Pas un seul musulman à l’horizon et les physionomies changent brutalement.

Je compte y passer une semaine avant de retourner enfin vers l’Ouest, et clôturer ce qui s’annonce comme un grand tour d’Europe.

Voilà pour ces derniers jours, iyi günler !

Published by Le voyage en Europe

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