Nous avons mis du temps à trouver internet, désolé de ce manque de nouvelles ! Les Iraniens n’ont pas le wifi illimité mais ils le créditent de quelques gigas, rarement activés.
Après avoir traversé la frontière, nous nous retrouvons dans une ville très colorée. L’aménagement urbain est harmonieux, et les rues sont bordées d’arbres en fleurs. Nous échangeons nos premières poignées de mains iraniennes et discutons avec quelques curieux.
Notre premier conducteur et son compère nous amèneront directement chez eux pour passer la nuit. L’un est un ancien photographe professionnel, Habib Zahd, l’autre un plombier, Shide. Ils ne parlent pas un mot d’anglais, mais le courant passe. Ils vivent dans des pièces dénuées de meubles, avec des plaques de cuisson à même le sol avec lesquelles Shide nous prépare une excellente soupe et des boulettes de viande. Dans la pièce d’Habib, ses photos couvrent les murs, certaines primées, et on y trouve aussi une photo de lui plus jeune, moustache noir, sur une moto. On passe de bons moments ensemble. Ils nous amènent à un point de vue sur la ville de Hashtpar et la Caspienne, nous promènent dans un parc au bord de la mer et nous faisons un rapide détour dans les montagnes avant de nous séparer.
Le jour suivant nous arrivons à Rasht, où nous rencontrons Navi dans un petit restaurant. C’est un ancien boxeur sans vraiment d’emploi. Nous passons la nuit chez lui, et rencontrons son chien Michel.
Nous bougeons ensuite rapidement vers Isfahan, à travers de beaux paysages désertiques. Un couple nous offre à manger, du thé, des fruits, le tout en conduisant: mieux qu’une compagnie aérienne. Nous découvrons le sens de l’accueil iranien.
A Isfahan nous nous baladons sur la place Naqsh-e Jahan, et quelques jeunes nous abordent. Nous passons les deux nuits suivantes chez l’un d’entre eux, débattant beaucoup et visitant la ville. Nous goûtons également à de bons plats, notamment du poulet dans une sauce de noix mélangées à des pommes grenades caramélisées…
Ensuite, Shiraz. Encore plus de désert ! Nous dormons sous la tente à proximité de la ville, et visitons le bazar, la citadelle et les alentours. En mangeant dans un parc nous rencontrons un homme travaillant pour la Bourse iranienne, il nous explique leurs problèmes d’inflation et de manque d’investissement tout en nous proposant des beignets. Les beignets sont bons, la situation iranienne pas trop.
Le défi en Iran, c’est d’échapper à l’accueil des iraniens. Nous sommes sollicités en permanence et un non ne suffit pas, il faut souvent s’enfuir et être impoli pour pouvoir avancer. Entre la Chine du Nord et l’Iran, un monde. Nous mangeons pain et saucisse dans un parc à l’intérieur d’un rond-point: un scooter nous apporte un tupperware avec viande en sauce et pomme de terre, chaud à point. Le conducteur nous dira juste « food ». Cinq minutes plus tard, le vendeur de fruits et légumes du coin nous apporte un délicieux melon découpé, dans une assiette. Cette situation décrit bien l’Iran. Chaque jour il faut refuser qu’on nous paie le taxi ou le bus, ou même nos courses… Nous espérons que d’autres européens ou le tourisme de masse n’en abuseront pas.
Nous partons vers Bushehr, avec une étape non loin de Qaemiyeh. On nous offre des glaces sur la route: après la neige vers Qazvin une semaine plus tôt, les températures sont maintenant proches de 30 degrés. Nous campons autour d’un feu, près des tentes de bergers nomades. L’environnement est magnifique, verdoyant et entouré de canyons.
Nous atteignons Bushehr le jour suivant, mais après avoir vu le Golfe Persan (Arabique) et bu quelques thés nous revenons en arrière pour dormir dans une oasis parmi les dattiers.
Nous remontons désormais vers le nord, quittant progressivement les dattiers et les orangers en fleurs pour les amandiers et les pommiers. Un conducteur nous invite à déguster un poisson frit et fourré de pomme grenade. Délicieux. Arrivé à Nurabad Mamasani nous passons la nuit chez un riche fermier et discutons longuement avec son fils sur la société iranienne. Nous rencontrons également leurs ouvriers afghans, pour certains renvoyés de Grèce ou d’Allemagne.
Le conducteur qui nous amène à Behbahan nous invite à dormir chez lui. Il nous montre son magasin de vêtements féminins et son pressing puis nous faisons un barbecue avec ses amis dans un jardin, le process est bien rodé. La culture du picnic est impressionnante en Iran : on voit régulièrement des familles mangeant tranquillement dans les parcs, les champs, et même sur le terre-plein entre deux routes.
Nous dormons la nuit suivante sous la tente, profitant du beau temps, dans un petit canyon à 20km au nord d’Andimeshk. On s’isole avec plaisir après avoir passé la journée à parler avec nos conducteurs, à négocier avec les taxis ou ceux qui souhaitent nous kidnapper deux heures autour d’un thé.
Nous sommes ingrats dans un pays où être pressé ne semble pas avoir de sens. Pourtant, sans s’imposer de rythme il faudrait plus d’un an pour le même voyage.
Dans un village au sud d’Hamedan nous sommes accueillis par une famille puis hébergés par un étudiant en sciences politiques. Malheureusement ce dernier parle peu anglais mais il s’occupe de nous et nous visitons les collines alentours avec son petit neveu de quatre ans, qui court bien plus vite que nous. Le plateau que nous suivons depuis plusieurs jours est souvent à plus de 2000 mètres d’altitude. Ça se ressent.
A Tikab ce sera de nouveau la tente, dans une sorte de verger. Sur la route on double de nombreux camions chargés de moutons ou de chèvres, dans l’autre sens ce sont des moissonneuse-batteuse allant vers le Sud où le blé d’hiver est à point.
Nos derniers jours Iraniens nous les passons dans les collines de Sufian. Nous mangeons nos sandwichs en observant un berger sur son âne, ses deux chiens coursant une sorte de gros renard gris à quelques mètres de nous. Le renard gagne la course.
Après avoir hésité à passer une autre nuit sous la tente nous interpellons deux jeunes dans des bâtiments agricoles. Ils nous hébergent dans ce qui s’avère être un élevage d’autruches. Leur cou est impressionnant, elles nous regardent de haut. Il pleut toute la nuit. Le lendemain nous tirons sur des conserves à la carabine à plomb et attendons que les nuages se vident en regardant alternativement la télé iranienne et la tortue de nos hôtes déambulant dans le jardin.
Une nuit de plus et le soleil réapparaît. On nourrit les autruches, on se fait pincer les doigts affectueusement et on finit par quitter la ferme et nos deux compagnons.
On rejoint rapidement l’Arménie où les dernières montagnes nous attendent !
L’Iran vaut le détour, ne soyez pas effrayés par nos médias. Les Iraniens sont des musulmans modérés et nous avons rencontré beaucoup d’athées. Les femmes conduisent et cachent bien plus leur cou que leurs cheveux avec leurs hijab… Et bien plus encore. Nous leur souhaitons de trouver la paix au delà des pressions internationales, gouvernementales et religieuses.
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