Nous avons passé la nuit à Chbar Mon dans une école pour enseignants, où les salles de cours font également office de dortoir. Les futurs instituteurs de 20 ans s’assoient avec nous dans la cour et nous passons la soirée à discuter, certains traduisant pour les autres.
Sur la route de Phnom-Penh, les hangars de l’industrie du textile s’alignent, certains sous label chinois, confirmant le déplacement de l’activité d’un pays à un autre. Vers 7h du matin les minibus et les scooters commencent leur exode, certains s’arrêtant comme nous pour manger bouillie de riz et poisson du Mekong assorti de quelques beignets.
Lorsque nous arrivons à Phnom-Penh nous sommes surpris par la simplicité de la capitale, qui ressemble davantage à un immense village où les grands bâtiments sont rares et presque rien ne dépasse les deux étages. Cela donne un charme à la ville, traversée par un Mekong impressionnant où les pêcheurs s’affairent. Nous ne souhaitons cependant pas y rester, n’ayant aucun plan et les grandes villes étant potentiellement moins accueillantes et plus dangereuses.
La sortie s’avère compliquée: après 5km de marche un couple nous ramène dans le centre par quiproquo, malgré notre insistance pour nous arrêter, et nous devons négocier avec eux et la compagnie de bus où ils nous ont déposés pour revenir à la case départ. Finalement nous pouvons rejoindre Chealea, et une Pagode accepte de nous y accueillir. Deuxième problème de la journée, les restaurants de la ville nous affirment qu’ils n’ont pas de nourriture. Ces petites galères, illogiques pour nous, sont assez fréquentes depuis le début au Cambodge. Mais même si nous y trouvons quelques remises en question intéressantes, le moral n’est pas au plus haut. Heureusement trois jeunes vont prendre le statut de moine le lendemain et nous pouvons rester deux nuits pour observer la cérémonie.
Le karma nous revient alors que nous sommes sur le point de quitter le Cambodge : un couple allant à un mariage nous prend en stop et nous avons droit à notre deuxième cérémonie de la semaine. Nous trinquons avec les mariés et mangeons avec leur famille, parmi un petit millier d’invités. Les rituels sont assez différents des traditions chrétiennes, par exemple les invités apportent chacun à leur tour un cadeau dans la dite « chambre du marié » après une procession dans la rue, ou encore la famille proche fait semblant de couper les cheveux du couple en les aspergeant de parfum avec une rose. Nous nous renseignerons dans le détail à notre retour, n’ayant pas tout compris.
Nous quittons cette fête repus et traversons la frontière vers le Laos, que toute la région prononce Lao, le colon français ou l’Académie n’acceptant sans doute pas ces deux voyelles solitaires ? Je vous laisse chercher.
Le sud de ce pays est rempli de touristes venus admirer les dizaines d’îles sur le Mekong et nous en avons nous même un rapide aperçu avant d’aller dormir dans une rizière. Les sols et les arbres sont secs en comparaison avec le Cambodge et la Thaïlande et nous observons enfin une réelle différence de saison.
Nous allons ensuite vers Pakse pour encore y dormir dans une Pagode, avec la chance d’y rencontrer des étudiants-moines parlant anglais. On y apprend les différentes règles du Bouddhisme allant de 5 pour un pratiquant, 10 pour un moine de moins de 20 ans et 227 au-delà. Elles ne semblent pas imposées mais recommandées, et parmi les cinq fondamentales chaque bouddhiste devrait par exemple s’abstenir de boire. Nous pouvons donc échanger, ce qui rend plus acceptable notre séjour dans un lieu dédié aux plus pauvres ou aux plus âgés, ce que nous ne sommes absolument pas.
Nous marchons beaucoup depuis la frontière, plus de 20km par jour et souvent malgré nous au midi solaire. Nous espérons pouvoir mieux gérer notre temps et nos efforts, mais cela nous permet d’aller un peu à l’écart des villes où les voitures nous mènent, et de voir la campagne et les villages où vivent la plupart des laotiens et où leurs traditions sont plus accessibles pour nous.
L’anglais y est d’ailleurs totalement absent au delà du hello, et le langage des signes n’est parfois pas suffisant pour se faire comprendre, ce qui montre les différences de symboles et de logiques entre notre culture et celle de ces villages peu influencés par le business, le tourisme ou les télécommunications.
Pour l’anecdote, près de Khamsida, la seule personne parlant un peu anglais parmi la cinquantaine de villageois qui nous interpellent est transsexuelle et semble parfaitement à l’aise parmi eux, ce qui nous semble très bien. Nous échangeons un peu avec elle et partons chercher un campement vers un lac qui s’avère être un marécage. La malaria va finir par nous attraper !
Nous sommes désormais près de montagnes dans les environs de Thakhet, où les grottes sont nombreuses. S’il y en a encore la nuit prochaine nous pourrons peut-être essayer d’y dormir, mais nous avons aussi besoin de trouver quelques hôtes pour découvrir la vie à l’intérieur des habitations. Dormir à la belle étoile pose quelques limites.
A propos des légendes, nous avons décidé de prendre autant de vidéos et de notes que possible sur les traditions et la vie de tous les jours, et nous les présenterons probablement sur une carte interactive. Le documentaire semble trop complexe à réaliser, les situations étant trop différentes pour avoir un fil directeur et une cohérence. Nous verrons ! Nous avons en tout cas du contenu.
Passez une bonne semaine ! Et un joyeux Noël